Un laboratoire paysan
La plupart du temps, en cosmétique artisanale, on trouve des marques qui formulent et fabriquent elles-mêmes leurs cosmétiques.
En agriculture, on trouve des producteurs et productrices de plantes qui vendent leur production brute (hydrolats, macérats, huiles essentielles) à des marques de cosmétique pour que celles-ci les utilisent dans leurs formules.
Mais le plus souvent, les personnes qui créent les formules des cosmétiques ne sont pas les mêmes que celles qui les fabriquent, et sont encore moins les mêmes que les personnes qui cultivent les plantes utilisées dans les dits cosmétiques.
Jaune Ciel est né de l’envie de réconcilier tous ces aspects et de proposer des produits où tout est pensé, développé et fabriqué au même endroit, par la même personne : la cosmétique paysanne.
Au départ agricultrice, je voulais trouver une manière de valoriser mes plantes qui me permette de vivre en cultivant une petite surface, à la main, en étant la plus respectueuse possible de l’écosystème déjà présent et sans me tuer à la tâche.
Les conditions de travail sont un aspect très important de Jaune Ciel. L’agriculture est un métier parfois ingrat, physiquement pénible, et tout est mis en place au jardin pour en limiter les désagréments.
Par exemple, les cultures sont sur buttes, avec paillage au broyat de bois (provenant de la taille des arbres du jardin) : il n’y a donc besoin d’aucun désherbage chimique, et le recours au désherbage manuel ou mécanique (rotofil électrique) est très limité. Le broyat sert aussi à retenir l’humidité du sol et permet, pour la plupart de mes plantes, de ne pas du tout les arroser.
Pas question pour moi de cultiver des plantes irriguées par exemple, alors que je suis au beau milieu de la garrigue et que l’eau manque toujours.
L’idée est de cultiver des plantes qui sont par exemple résistantes à la sécheresse et aux canicules, afin de perturber le moins possible la biodiversité présente et d’être cohérentes avec ce que nous offre notre terroir. Cultiver des plantes endémiques, c’est aussi ne pas avoir besoin d’avoir recours à des traitements préventifs ou curatifs de maladies que développeraient plus facilement des plantes non adaptées à leur milieu.
La transformation des plantes en cosmétiques me permet de mettre en valeur les plantes que je cultive. Ce mode de valorisation m’offre la possibilité de rester sur cette échelle humaine de quelques centaines de mètres carrés cultivés et de cueillette sauvage, sans mécanisation (coûteuse et polluante). Il permet également de contribuer à valoriser les producteurs et productrices locales et de participer au tissu économique du territoire.
La commercialisation en vente directe (site internet, marchés locaux) permet de faire des économies sur les intermédiaires de vente et de vous proposer des produits dont le prix correspond seulement au travail fourni pour les fabriquer.
Jaune Ciel repose sur l’équilibre entre les activités de jardin, de laboratoire, de vente et d’administratif. La plupart des tâches sont soit saisonnières (récoltes, distillation), soit ponctuelles (fabrication des cosmétiques, réparer après les passages des sangliers...) et laissent la place à toute la gestion quotidienne (ventes, désherbage, entretien du jardin).
Le projet Jaune Ciel existe depuis le début de l’année 2019. Le cadre légal et administratif qui organise la fabrication et la vente de cosmétiques est contraignant et exigeant.
Ce cadre m’a permis de prendre le temps, au cours des trois dernières années, de laisser pousser les plantes à leur rythme, de préparer le laboratoire, d’élaborer consciencieusement mes formules, de faire de multiples essais avant d’en arriver aux versions finales proposées par Jaune Ciel.